Armani, un empire du luxe et de l’immobilier en héritage
La mort de Giorgio Armani jeudi interroge sur l’avenir de son empire du luxe et de l’immobilier, resté indépendant dans un secteur dominé par les géants.

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© Julien de Rosa/AFP
Giorgio Armani, disparu à 91 ans, laisse derrière lui un empire du luxe et de l’immobilier indépendant.
La disparition du couturier Giorgio Armani à l’âge de 91 ans soulève des interrogations sur l’avenir de son empire – qui s’étend de la haute couture à l’immobilier – resté jusqu’à présent indépendant, une rareté dans le monde du luxe.
L’essentiel
- Giorgio Armani est né en 1934 à Piacenza (Italie), dans une famille d’origine arménienne.
- Il a bâti un empire du luxe et de l’immobilier indépendant.
- Sa succession a été préparée de longue date.
De la mode à l’immobilier de prestige
Giorgio Armani est décédé jeudi alors qu’il s’apprêtait à fêter les 50 ans de son groupe. Né en 1934 à Piacenza, en Italie, d’une famille modeste ( d’une mère italienne, Maria Raimondi, et d’un père d’origine arménienne, Ugo Armani) il était devenu un des hommes les plus riches du monde et le quatrième plus riche d’Italie, avec un patrimoine estimé à 11,8 milliards de dollars, selon Forbes.
Depuis Milan, il dirigeait un empire comptant plus de 9.000 salariés fin 2023, pour un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros en 2024. Ses plus de 600 magasins diffusent les créations Armani à travers le monde : Giorgio Armani, Emporio Armani, A|X Armani Exchange ou encore EA7.
Le groupe développe aussi des activités sous licence : lunettes avec EssilorLuxottica, parfums et cosmétiques avec L’Oréal, confiseries avec le chocolatier Guido Gobino.
Mais Armani a également investi dans l’hôtellerie, la restauration et l’immobilier, avec des immeubles de prestige en Chine, à Miami ou encore au Brésil. À travers Armani/Casa, il a signé des résidences de luxe à Chengdu, Istanbul ou encore Dubaï dans la Burj Khalifa.
Une succession préparée pour préserver l’indépendance
Armani n’avait pas d’héritiers directs, mais avait soigneusement organisé sa succession afin de protéger l’intégrité du groupe. Selon la presse italienne, une nouvelle architecture doit confier un rôle central à la Fondation Giorgio Armani, détentrice de 0,1 % du capital, ainsi qu’à ses proches : ses nièces Silvana et Roberta, son neveu Andrea Camerana, sa sœur Rosanna et son compagnon et bras droit Leo Dell’Orco.
Dans une interview accordée au Financial Times peu avant sa mort, Armani imaginait ce passage de relais comme « une transition progressive des responsabilités » vers ses « plus proches collaborateurs », citant Leo Dell’Orco, les membres de sa famille et « toute l’équipe de travail ».
Un patrimoine immobilier et personnel considérable
Le créateur possédait de nombreuses propriétés. Outre sa résidence principale à Milan, via Borgonuovo, il se retirait régulièrement dans sa villa de l’île de Pantelleria, sa maison d’été à Forte dei Marmi ou encore sa « Villa Rosa », au sud de Milan.
S’y ajoutaient des résidences à Paris, Saint-Tropez et Saint-Moritz. Quelques jours avant sa disparition, Armani venait d’acquérir la « Capannina di Franceschi », un club mythique de Forte dei Marmi, où il avait rencontré dans les années 1960 son compagnon Sergio Galeotti, avec qui il fonda le groupe en 1975.
Le styliste était aussi propriétaire de l’équipe de basket Olimpia Milano et habillait la Juventus de Turin ainsi que l’équipe nationale italienne de football.
Un empire indépendant face aux défis du luxe
Armani est resté l’un des rares groupes de luxe indépendants, alors que la plupart des maisons ont été absorbées par des conglomérats.
« La marque restera très importante, elle a toujours été un peu plus universelle, attirant ainsi un public plus large », a commenté Luca Solca, analyste du cabinet Bernstein, en évoquant un avenir comparable à Ralph Lauren. Reste la question d’une possible revente : « Il y a certainement beaucoup d’intérêt pour racheter le groupe, reste à voir s’il y a des vendeurs après la succession ».
Le secteur du luxe connaît un ralentissement mondial, et Armani n’y a pas échappé : le chiffre d’affaires a baissé de 6 % en 2024. Pourtant, le groupe a continué à investir 332 millions d’euros, rénovant ses magasins à New York et Milan et en ouvrant un nouveau à Paris.
« J’ai pris mes décisions avec le regard porté vers le futur », déclarait Armani en juillet. « Je suis convaincu que la cohérence et la continuité, plutôt que la recherche des gains immédiats, sont les meilleures stratégies pour garantir le succès à long terme ».