Crédit immobilier : Fitch abaisse la note de la France, les taux d’intérêt pourraient remonter

Fitch sanctionne la France pour France pour ses incertitudes budgétaires. La dégradation de la note de la France fragilise les finances publiques et pourrait peser sur le crédit immobilier.

Le ministere de l'Economie et des Finances

© adobestock

 0

L’agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France à A+, sanctionnant l’instabilité politique et les incertitudes budgétaires. Cette décision, liée à une dette publique record, pourrait à terme peser sur les taux de crédit immobilier et compliquer l’accès à l’emprunt.

L’essentiel

  • La note de la France est abaissée à AA- à A+.
  • Fitch critique la dette et l’instabilité politique.
  • Les taux de crédit immobilier pourraient remonter.
Newsletter MySweetimmo

Fitch dégrade la note de la France

Vendredi soir, Fitch a rétrogradé la note de la France de AA- à A+. Dans son communiqué, l’agence de notation pointe la « fragmentation et la polarisation croissante » du paysage politique, qui « affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur ».

Cette décision intervient quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu, troisième Premier ministre en un an. Le ministre sortant de l’Économie, Éric Lombard, a dit prendre « acte » de cette décision.

Fitch estime peu probable que la France ramène son déficit public sous 3% du PIB en 2029, contrairement à l’objectif affiché par l’exécutif sortant.

Une dette qui pèse sur les finances

La dette française atteignait déjà 113,9% du PIB fin mars, soit 3.345,4 milliards d’euros, et Fitch prévoit qu’elle grimpe à 121% en 2027, « sans horizon clair de stabilisation« . Le déficit, attendu à 5,4% en 2025, resterait supérieur à 5% en 2026 et 2027.

François Bayrou, qui dénonçait depuis des mois la « colossale dette française », estime qu’ »un pays que ses +élites+ conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix« . À gauche, Éric Coquerel (LFI) dénonce au contraire « deux mois (d’)un discours catastrophiste sur la situation financière du pays« .

Dans son analyse, Fitch compare la situation française à celle d’autres pays européens. Le Portugal a été salué pour son désendettement, tandis que l’Espagne a vu sa note relevée grâce à un dynamisme économique jugé solide.

Ce qui peut changer pour votre crédit immobilier

Cette dégradation ne se traduit pas immédiatement par une hausse des taux bancaires, mais elle envoie un signal négatif aux marchés financiers.

Si l’État doit emprunter plus cher, les banques, qui utilisent ces taux comme référence, pourraient ajuster leurs conditions. Cela concernerait aussi bien le crédit immobilier que le crédit à la consommation.
À long terme, si Moody’s (24 octobre) et S&P (28 novembre) suivent Fitch, la pression sur les taux pourrait s’accentuer.

« Ce qui compte réellement, c’est la trajectoire des finances publiques et la capacité de l’État à tenir ses engagements », souligne Lucile Bembaron, économiste chez Asterès. « Les marchés ont déjà tiré leurs conclusions, là où les notations semblent avoir un train de retard ».

L’impact sur les taux de crédit immobilier devrait rester relatif pour les prochaines semaines. Cependant, les incertitudes continuent d’obscurcir l’horizon et les marchés ne sont pas à l’abri de soubresaut.

« Depuis le vote de confiance déclenché par François Bayrou, qui s’est soldé par sa démission, nous savions que le risque financier était présent. Mais les marchés l’avaient déjà anticipé, ainsi que la dégradation de la note française par Fitch, il n’y a donc pas de surprise sur les mouvements en cours », rappelle Caroline Arnould, directrice générale de CAFPI. « La décision de Fitch pourrait accroître la tension sur les taux. Toutefois, la décision de la BCE de maintenir ses taux inchangés constitue un facteur d’équilibre, au moins temporaire. Tout dépendra désormais de la réaction des marchés après la formation du nouveau gouvernement et la reprise des discussions budgétaires autour de la loi de finances 2026, qui pourraient à nouveau raviver les incertitudes. »

A suivre : les prochaines annonces de Moody’s et Standard & Poor’s

En dégradant la note souveraine de la France, Fitch a envoyé un message de vigilance aux marchés. Il s’inscrit dans un cycle de notations qui ne sera clarifié qu’après les prochaines annonces de Moody’s et Standard & Poor’s attendues cet automne.

« Une dégradation pourrait pousser les investisseurs à exiger des rendements plus élevés, avec un OAT à 10 ans susceptible de dépasser 3,48 %, au-dessus du niveau italien, une première depuis quinze ans », indique Grégory Beurrier, président du réseau Expertimo. Dans ce cas, les banques pourraient répercuter la hausse sur les crédits immobiliers.

« La capacité d’emprunt des ménages s’en trouverait réduite de 5 à 10 %, limitant l’accession, notamment des jeunes et des foyers modestes. Le marché pourrait se contracter, avec –5 à –10 % de ventes, et une pression baissière sur les prix pouvant atteindre –3 à –5 % dans les grandes villes, davantage en zones rurales », poursuit-il.

« Cela dit, les rétrogradations de décembre 2024 (Moody’s) et mai 2025 (Standard & Poor’s) n’avaient pas déclenché de flambée des taux, ni de décisions restrictives de la BCE, qui a abaissé ses taux en 2025. L’impact pourrait donc rester contenu, même s’il accentue un contexte déjà fragile qui appelle à la vigilance », relativise Grégory Beurrier.

Par MySweetImmo avec AFP