Immobilier : Le bug de MaPrimeRénov’ est réparé mais la majorité des aides seront financées en 2026

Entre panne informatique, enveloppe budgétaire saturée et conditions d’accès restreintes, la réouverture du guichet MaPrimeRénov’ vire au casse-tête. Si la plateforme est de nouveau opérationnelle depuis le 7 octobre après une semaine de bug, des milliers de dossiers ne seront instruits qu’en 2026. Les acteurs du secteur alertent sur une situation d’embolie qui décourage ménages […]

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Entre panne informatique, enveloppe budgétaire saturée et conditions d’accès restreintes, la réouverture du guichet MaPrimeRénov’ vire au casse-tête. Si la plateforme est de nouveau opérationnelle depuis le 7 octobre après une semaine de bug, des milliers de dossiers ne seront instruits qu’en 2026. Les acteurs du secteur alertent sur une situation d’embolie qui décourage ménages et artisans.

L’essentiel

  • La plateforme MaPrimeRénov’ est de nouveau accessible depuis le 7 octobre.
  • Des dizaines de milliers de dossiers seront reportés à 2026 faute de budget.
  • Homélior dénonce une “stratégie du stop-and-go incompréhensible”.
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Une réouverture marquée par une ruée… et une panne

Rouverte le 30 septembre après trois mois de suspension, la plateforme monprojet.anah.gouv.fr a été rapidement submergée : 150 000 connexions en deux heures, soit “dix fois plus que d’habitude”, selon l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Résultat : bug massif, blocage du dépôt de dossiers et maintenance d’urgence.

Pendant une semaine, les particuliers et accompagnateurs ont signalé des messages d’erreur en cascade. Sur un groupe Facebook de “naufragés de MaPrimeRénov’”, les plaintes se sont multipliées, symbole d’un dispositif toujours fragile. “Ce n’est pas la première fois que des pannes surviennent à des moments charnières”, confirme Camille Thomas, présidente du réseau Rénomar, qui regroupe les accompagnateurs agréés “Mon Accompagnateur Rénov’”.

Mais depuis ce mardi 7 octobre, l’Anah assure que la plateforme est à nouveau pleinement fonctionnelle.
L’agence publique affirme avoir “renforcé les infrastructures techniques” et mis en place “un système de file d’attente automatique” pour fluidifier l’accès. “1 700 dossiers de rénovation d’ampleur ont déjà été déposés”, précise l’organisme, sur une capacité maximale de 13 000 dossiers d’ici la fin de l’année.

Des dossiers repoussés à 2026, un dispositif au bord de l’embolie

Derrière la panne technique, c’est tout le système qui s’essouffle. En 2025, les 3,6 milliards d’euros de crédits MaPrimeRénov’ sont déjà entièrement consommés. L’ampleur de la demande a dépassé toutes les prévisions : plus de 71 800 rénovations globales ont été engagées, alors que le budget initial ne permettait d’en financer que 62 000.

Résultat : des milliers de ménages vont devoir attendre 2026 pour voir leur aide débloquée. Environ 30 000 dossiers sont déjà reportés, sans compter les 13 000 nouvelles demandes déposées depuis la réouverture du guichet le 30 septembre, qui ne seront pas financées avant l’an prochain.

Le principal risque est de décourager les ménages et de freiner une filière qui a massivement recruté pour répondre à la demande”, alerte Maxime Ledez, chercheur à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE). Entre manque de visibilité et délais d’instruction à rallonge, les particuliers comme les professionnels avancent désormais dans le brouillard.

Homélior dénonce une “stratégie du stop-and-go” qui brouille la confiance

Pour Laurent Nataf, président-fondateur d’Homélior, la réouverture chaotique de MaPrimeRénov’ est le symbole d’un dispositif à bout de souffle.
On rouvre le guichet le 30 septembre, mais dans des conditions si restrictives qu’elles laissent de côté la majorité des Français”, déplore-t-il. Selon lui, la succession de suspensions, de quotas et de réformes rend la politique de rénovation énergétique “illisible pour les ménages comme pour les entreprises”.

L’entreprise, qui a déjà accompagné plus de 100 000 foyers dans leurs travaux de rénovation, constate chaque jour la frustration croissante de ses clients.
Dès 2026, les plafonds d’aides vont baisser, des gestes majeurs seront exclus, et le dispositif deviendra encore plus complexe”, alerte le dirigeant, inquiet d’une rupture de confiance durable.

Homélior plaide pour plus de visibilité et d’équité : une répartition claire des quotas, un soutien réel aux classes moyennes et la préservation des gestes structurants, comme l’isolation des murs, considérée par l’ADEME comme l’un des leviers les plus efficaces pour réduire les factures d’énergie.
On ne peut pas interdire les passoires énergétiques à la location en 2028 tout en restreignant les aides pour les rénover”, insiste Laurent Nataf, qui appelle à “remettre de la cohérence entre les ambitions climatiques et les moyens financiers”.

Avec des milliers de dossiers décalés et des plafonds d’aides revus à la baisse, l’objectif de 700 000 rénovations par an d’ici 2030 semble plus lointain que jamais.

Par MySweetImmo