Emeutes et vandalisme : Assureurs et banquiers font un geste pour les commerces et les particuliers
France Assureurs a demandé mardi à ses membres de « réduire » les franchises pour les « petits commerçants indépendants les plus durement touchés » par les violences urbaines
France Assureurs a demandé mardi à ses membres de « réduire » les franchises pour les « petits commerçants indépendants les plus durement touchés » par les violences urbaines qui ont débuté il y a une semaine.
La fédération professionnelle a déjà été entendue par plusieurs assureurs et bancassureurs, qui ont pour certains annoncé des mesures pour les victimes.
De manière générale, France Assureurs invite également ses adhérents à prolonger le délai de déclaration de sinistre à 30 jours, contre 5 jours habituellement, à « accélérer le processus d’indemnisation » et « faciliter le versement d’acomptes pour faire face aux situations les plus difficiles », selon un communiqué.
La facture des émeutes pour les assureurs ? 280 millions
Selon sa présidente Florence Lustman, qui s’est exprimée sur franceinfo, « à cette date », 5.800 sinistres ont été déclarés aux assureurs.
« Notre évaluation sur ces sinistres, c’est que ça devrait coûter déjà au moins 280 millions » d’euros aux assureurs, contre 204 millions en 2005, après plusieurs semaines d’émeutes, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il y « a plein » de sinistres « qui ne sont pas encore déclarés ».
Lundi soir, le Medef a estimé la facture globale des dommages à un milliard d’euros.
Dès samedi, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait demandé aux assureurs de prolonger les délais de déclaration, de réduire les franchises et d’indemniser rapidement les professionnels victimes des émeutes, envers qui les banques étaient également appelées à faire preuve de compréhension.
Il a réitéré son appel mardi matin en déplacement à Arpajon dans l’Essonne auprès de commerçants sinistrés, en ouvrant aussi la porte à de possibles annulations de charges dans certains cas.
« Surtout pas » de dépôt de bilan
Certains acteurs financiers ont déjà annoncé des mesures.
BPCE a notamment promis lundi un « rappel dans les 48 heures au plus tard des clients ayant déclaré un sinistre », et l’absence de franchises pour les clients professionnels en cas de dommage aux biens, ainsi que pour les clients particuliers ayant souscrit une garantie incendie « si le véhicule n’est pas réparable ».
La banque a également proposé des crédits à taux zéro « pour tous les clients ayant subi un dommage lors des événements ».
Crédit Agricole a opté pour une « annulation exceptionnelle » de la franchise pour les dommages dans les commerces ainsi que pour les clients particuliers et professionnels ayant souscrit une garantie incendie/vandalisme « dont les véhicules ont été incendiés ou vandalisés ».
Daniel Baal, directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, qui a vu 40 de ses agences touchées « dont trois complétement détruites », a également voulu rassurer ses clients, soulignant qu' »il ne faudrait surtout pas qu’un de nos clients dépose le bilan à cause de ces violences », sur les ondes de RMC.
« Nous avons l’habitude de traiter les dossiers au cas par cas, de rencontrer les clients lorsqu’ils sont victimes de tels agissements pour trouver la solution: ça peut être des reports d’échéances, des découverts de courte durée de telle sorte à leur permettre de passer le cap », a-t-il déclaré.
Sur la partie assurances, « dès demain nous verserons les premières avances sur sinistre, de telle sorte que, du point de vue de la trésorerie, ça se passe le mieux possible pour l’ensemble de nos clients », a-t-il ajouté.
Sur les franchises, le groupe va « regarder les dossiers (des professionnels) au cas par cas », a précisé M. Baal.
Pour les particuliers assurés chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale et concernés par des dommages liés aux émeutes, la suppression de la franchise concernera tous les clients.
« Finalement, ces clients qui vivent dans ces quartiers souvent ne sont pas les plus aisés, et (…) et nous voulons également être à leur côté parce que ce sont les victimes » qui habitent « simplement un quartier dans lequel il y a eu des émeutes », a déclaré M. Baal.
La Macif s’est également engagée à ne pas appliquer de franchise pour les particuliers et commerçants disposant d’une assurance couvrant le sinistre subi.
Generali et Covea (marques MMA, MAAF et GMF) ont annoncé des dispositions similaires, avec en outre notamment la « sécurisation des locaux endommagés » pour Generali et la « possibilité de bénéficier d’une assistance psychologique » pour Covéa.