MaPrimeRénov’ : le guichet des travaux isolés restera ouvert cet été

Les travaux « monogestes » restent éligibles pendant l’été

Face à la colère des professionnels du bâtiment et à la menace de manifestations prévues début juillet, le gouvernement a finalement décidé de maintenir les aides MaPrimeRénov’ pour les travaux isolés durant l’été. Une décision attendue par l’ensemble de la filière, qui s’était vivement mobilisée ces derniers jours pour obtenir un retour en arrière.

Le dispositif d’aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’ est ainsi maintenu pour les travaux dits « monogestes », a confirmé l’entourage de la ministre chargée du Logement Valérie Létard, lundi lors d’une conférence de presse.

« Le guichet des monogestes ne fermera pas (pour l’été, NDLR), c’est une décision qui a été prise par le gouvernement suite à l’écoute de la filière qui avait manifesté (…) un fort mécontentement », a précisé le cabinet de la ministre.

Ces travaux isolés de rénovation portent notamment sur l’installation d’une chaudière ou la pose de fenêtres. Simples à engager et rapides à réaliser, ces opérations permettent aux ménages de réduire leur consommation d’énergie sans avoir à financer une rénovation globale, souvent plus coûteuse et complexe.

Toutefois, le maintien des aides pour ces opérations de moindre ampleur durant l’été n’est pas « une pérennisation sans conditions », a prévenu le ministère. Des modifications des règles applicables aux travaux monogestes pourraient intervenir à l’horizon 2026.

Le gouvernement justifie cette prudence par plusieurs constats récents sur le fonctionnement du dispositif : une accélération très forte du nombre de dossiers déposés ces derniers mois, une pression budgétaire croissante sur les enveloppes allouées, et des tensions sur les délais d’instruction, désormais passés de 70 à 105 jours.

Chaudières et fenêtres concernées

Parmi les opérations éligibles figurent toujours le remplacement de fenêtres, la pose de chaudières ainsi que d’autres travaux isolés destinés à améliorer la performance énergétique des logements. Les travaux « monogestes » permettent en moyenne de réaliser entre 35 % et 50 % d’économies d’énergie, selon la Fédération française du bâtiment (FFB).

En moyenne, ces travaux isolés bénéficient d’environ 4.000 euros d’aides publiques, contre 40.000 euros pour les rénovations d’ampleur, qui concernent principalement des logements classés F ou G, les fameuses passoires énergétiques.

Au 31 mai 2025, selon les chiffres communiqués par le ministère, 122.000 ménages avaient déjà bénéficié de MaPrimeRénov’ : 78.000 pour des rénovations par gestes et 44.000 pour des rénovations d’ampleur.

Si les travaux isolés restent donc soutenus à court terme, le gouvernement entend recentrer progressivement les aides vers les logements les plus énergivores, avec notamment un abaissement du plafond des travaux subventionnables à 50.000 euros et la suppression du bonus de 10% accordé jusqu’ici pour les sorties de passoires énergétiques.

Une volte-face face à la grogne des professionnels de l’immobilier

L’annonce de la suspension temporaire de MaPrimeRénov’ début juin avait provoqué une levée de boucliers chez les professionnels. Plusieurs fédérations, dont la FFB et le SNPI, avaient dénoncé une décision brutale et potentiellement destructrice pour la filière. La Fédération française du bâtiment avait même prévu des mobilisations de terrain dès le 2 juillet en l’absence d’avancées concrètes.

« C’était une revendication légitime », a souligné Olivier Salleron, président de la FFB. « La rénovation par gestes, ça fonctionne, c’est plus simple, beaucoup moins cher qu’une rénovation d’ampleur, et cela permet de faire travailler un grand nombre d’artisans. »

Au-delà de la pression des professionnels, le ministère a également mis en avant les dérives observées sur les rénovations d’ampleur, pointant notamment la montée des fraudes orchestrées par certains accompagnateurs rénov peu scrupuleux. Huit millions d’euros d’aides font aujourd’hui l’objet de contentieux et de procédures de recouvrement, tandis que Tracfin estime à 50 millions d’euros le montant potentiel de fraudes.