Immobilier : À Los Angeles, les arrestations de sans-papiers accentuent la crise du logement

À Los Angeles, l’offensive antimigrants de Donald Trump accentue la crise de l’immobilier. Arrestations massives, loyers record, expulsions… La tension monte dans la ville.

Femme sans papiers à Buena Park, Californie, touchee par la crise du logement à Los Angeles, posant avec un objet “Sweet Home” dans son salon.

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© Robyn Bec- AFP

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À Los Angeles, les descentes de la police de l’immigration, intensifiées depuis juin sous l’impulsion de Donald Trump, bouleversent la vie de centaines de familles sans-papiers. Dans une métropole où les loyers dépassent souvent 2.000 dollars par mois, perdre un salaire peut rapidement conduire à la rue. Portraits de familles, données sur le marché immobilier et réponses politiques… plongée au cœur d’un engrenage social et immobilier.

En bref

  • 2.200 arrestations de sans-papiers en juin à Los Angeles
  • Loyers moyens supérieurs 2.000 dollars
  • Marché locatif saturé, expulsions en hausse
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Des familles prises dans un double piège

Lorsque son mari a été arrêté début juillet par la police de l’immigration près de Los Angeles, Martha, sans-papiers mexicaine, a perdu le pilier de son foyer. « C’est le pilier de la famille, il était le seul à travailler », raconte-t-elle. L’homme était employé dans une station de lavage-auto. Depuis son arrestation, Martha doit subvenir seule aux besoins de ses deux filles de six et sept ans.

Son appartement de 65 m² à Buena Park, dans la banlieue de Los Angeles, coûte 2.050 dollars par mois. Pour éviter l’expulsion, elle a trouvé un emploi de nuit dans une usine, payé au salaire minimum. Mais ses revenus ne suffisent pas : « Je dois payer l’assurance de la voiture, le téléphone, le loyer et leurs dépenses », énumère-t-elle. La fatigue s’ajoute à l’angoisse : « Je ne peux pas vous dire combien de temps je peux tenir », souffle-t-elle.

Une politique fédérale aux effets locaux massifs

Depuis juin, l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a intensifié ses opérations, ciblant magasins de bricolage, lavages-auto et arrêts de bus. Selon des documents internes analysés par l’AFP, plus de 2.200 personnes ont été arrêtées en juin dans le comté de Los Angeles, dont 60 % n’avaient aucun antécédent judiciaire.

Cette offensive frappe de plein fouet la main-d’œuvre latino-américaine, déjà parmi les premières victimes de la crise du logement dans la région. « Une tempête plus grande se prépare », prévient Andrea Gonzalez, directrice adjointe de l’association CLEAN Carwash Worker Center. « L’inquiétude, c’est que les gens finissent à la rue. »

L’organisation de Mme Gonzalez soutient plus de 300 foyers fragilisés par ces arrestations, soit parce qu’un membre de la famille est détenu, soit parce que la peur les empêche de retourner au travail. CLEAN a déjà déboursé plus de 30.000 dollars pour aider une vingtaine de familles à payer leur loyer. Mais les besoins dépassent largement leurs moyens : « Ce n’est pas soutenable », admet-elle.

Les réponses timides des autorités locales

Conscients du risque, les responsables démocrates locaux veulent créer des fonds d’aide pour les familles concernées. Le comté et la ville de Los Angeles prévoient des financements philanthropiques, sans recours à l’argent du contribuable. La maire Karen Bass promet que certaines familles recevront des cartes prépayées de « quelques centaines » de dollars.

Pour Andrea Gonzalez, ces mesures sont insuffisantes : « Les sommes évoquées n’atteignent même pas 10 % du loyer » moyen dans la région. Elle plaide pour un moratoire sur les expulsions locatives, comme pendant la pandémie de Covid-19.

Un marché locatif sous tension

Avec plus de 72.000 sans-abris, Los Angeles affiche déjà l’un des taux de sans-abrisme les plus élevés des États-Unis, juste derrière New York. Après deux années de légère baisse, les associations redoutent une nouvelle flambée. Le marché locatif est saturé, avec un taux d’occupation proche de 97 % et des loyers en hausse continue depuis 2021.

Maria Martinez, 59 ans, voit la menace grandir. Son mari sans-papiers a été arrêté mi-juin à Pomona. Son allocation handicap de 1.000 dollars ne couvre pas son loyer de 1.800 dollars. « C’est stressant, on s’en sort tout juste », confie-t-elle, dépendante de l’aide de ses enfants pour ne pas perdre son logement.

À Los Angeles, crise migratoire et crise du logement se combinent, faisant planer le spectre d’une explosion du nombre de sans-abris. Entre mesures locales jugées insuffisantes et marché locatif toujours plus tendu, les familles touchées par les arrestations craignent un basculement irréversible.

Par MySweetImmo avec AFP