Immobilier : Les Français prêts à sacrifier le DPE pour acheter moins cher
Grâce à la baisse des taux, les Français relancent leurs projets immobiliers. Nombre d’entre eux sont prêts à sacrifier la note énergétique du bien convoité pour faire alléger la facture.
Le réseau Laforêt a de nouveau interrogé les Français afin de comprendre et analyser leur rapport aux projets immobiliers. Que dit la 7e vague de l’étude « Les Français et l’immobilier » ?
1 Français sur 4 envisagent un investissement ou un achat immobilier d’ici la fin de l’année
Mi-septembre, la Banque Centrale Européenne a annoncé un deuxième assouplissement de ses taux directeurs pour l’année 2024. En conséquence, les taux immobiliers sont en baisse en cette rentrée de septembre. Ces indicateurs positifs ne sont pas passés inaperçus auprès des Français : plus d’une personne interrogée sur deux déclare avoir entendu parler de la récente baisse des taux d’intérêt (59%).
Et certains pourraient saisir l’opportunité favorable que cette tendance représente : près d’un sondé sur quatre affirme que la récente baisse des taux d’intérêt l’incite à envisager un investissement / un achat immobilier d’ici la fin de l’année (23%).
La situation politique actuelle : un frein à l’achat
Si d’une part la situation s’améliore à l’échelle européenne, d’autre part le contexte national suit plutôt une tendance inverse, et ce n’est pas sans conséquences sur le marché immobilier. 66% des Français reconnaissent que l’incertitude de la situation politique actuelle leur donne plutôt envie d’attendre avant de concrétiser leurs projets immobiliers, et même 69% des potentiels primo-accédants.
Soumis à ces deux tendances contraires, les intentions d’achat restent stables au début du second semestre 2024. 17% des Français ont acheté un bien immobilier cette année ou ont l’intention de le faire, (contre 18% en juin dernier).
Les intentions d’achat déclarées progressent néanmoins chez les jeunes Français : 23% des 18-24 ans ont pour projet d’acheter un bien en 2024, soit 7 points de plus qu’en juin 2024. En revanche, ces nouveaux potentiels acheteurs en sont encore aux prémices, la hausse concernant les répondants n’ayant pas commencé leurs recherches.
Par ailleurs, les sondés âgés de 25 à 34 ans restent les premiers acquéreurs en puissance : 35% ont acheté un bien (2%) ou ont l’intention de le faire (33%) cette année.
Dans ce contexte, qu’est-ce qui pourrait inciter les Français à sortir de la prudence ?
Alors que les taux en hausse avaient fini par laisser place à une forme de résignation chez les Français qui réalisaient leurs projets immobiliers malgré le contexte économique défavorable, les exigences financières semblent revenir avec la période baissière.
L’attention à l’égard du niveau des taux immobiliers progresse, notamment chez ceux qui ont l’intention d’acheter un bien immobilier cette année. 55% prendraient en compte le niveau des taux immobiliers pour se projeter sérieusement dans une acquisition (stable par rapport à juin, + 5 points par rapport à mars 2024). Ce chiffre s’élève à 87% chez les futurs acheteurs potentiels, soit 7 points de plus qu’en juin et 8 points de plus qu’en mars. De plus, le seuil qui pourrait inciter les Français à envisager un achat reste aujourd’hui très lointain : 28% évoquent un taux inférieur à 2%, alors même que les taux actuels sont encore proches des 4%.
Le niveau des taux immobiliers gagne en importance auprès des principaux acquéreurs potentiels. 73% des Français âgés de 25 à 34 ans prendraient en compte le niveau des taux, 4 points de plus depuis juin dernier.
1 Français sur 3 pourrait imaginer investir dans un logement noté F ou G
Par ailleurs, les Français pourraient se tourner vers des investissements moins onéreux, en sacrifiant certaines exigences. Certains pourraient notamment faire l’impasse sur la question du diagnostic énergétique, pourtant très importante pour eux. En mars 2023, 83% des interviewés affirmaient regarder le DPE lorsqu’ils consultaient des annonces pour des biens immobiliers. Néanmoins, aujourd’hui, près d’un Français sur trois pourrait imaginer investir dans un logement dont le DPE est classé F ou G afin de bénéficier d’un prix de vente plus abordable (35%).
Les Français déjà propriétaires seraient plus enclins à faire des concessions sur les performances énergétiques pour un futur achat. 43% pourraient acquérir un logement avec un DPE classé F ou G. A l’inverse, les interviewés qui n’ont encore acheté aucun bien se montreraient un peu plus exigeants (31%).
Se loger en tant qu’étudiant, un casse-tête financier en 2024
La crise du logement en France frappe particulièrement les étudiants, population particulièrement vulnérable. Interrogés sur leur situation financière, sept étudiants sur dix reconnaissent avoir besoin de recourir à une aide financière (proches, prêt, bourse étudiante…) pour équilibrer leur budget (71%), et près d’un sur deux a déjà envisagé de retourner vivre chez ses parents parce qu’il ne s’en sortait pas financièrement (46%, parmi ceux qui ne vivent plus chez leurs parents).
Les montants des loyers ne semblent pourtant pas en ligne avec ce budget contraint. Plus de huit Français sur dix (84%) considèrent que les prix des loyers des logements étudiants sont trop élevés. Et la situation se serait durcie au fil des années. 63% des interviewés qui ne sont plus étudiants estiment que l’accès au logement était plus facile à leur époque qu’il ne l’est aujourd’hui.
Plus d’aides pour les étudiants
Par ailleurs, les Français estiment que les pouvoirs publics pourraient agir davantage pour accompagner les étudiants. En effet, 60% considèrent qu’il n’existe pas suffisamment d’aides de l’Etat pour financer l’accès aux logements étudiants.
Ainsi, c’est sans surprise que les personnes interrogées témoignent de la complexité de la recherche d’un logement étudiant. Un Français sur quatre raconte que lui-même ou un de ses proches rencontre des difficultés à trouver un logement étudiant (24%), et même 39% des principaux concernés, ceux qui ont des enfants dans le supérieur.
« La baisse des taux d’intérêt, surveillée avec attention par les futurs acquéreurs, est une bonne nouvelle, qui vient redonner un nouvel élan au marché immobilier. Plus favorable qu’il y a quelques mois, le contexte actuel encourage de nouveau les Français à saisir les opportunités. Ils sont désormais prêts à accepter certains compromis, en période d’inflation, notamment sur les diagnostics énergétiques. Un signe de leur motivation à conclure des projets immobiliers », explique Yann Jéhanno, Président du réseau Laforêt.
Et de conclure : « Toutefois, l’incertitude politique et économique demeure pour certains un frein, tandis que la situation du logement reste également préoccupante pour les primo-accédants et les étudiants : les uns étant exclus des conditions d’accès au crédit, les autres souffrant du manque d’aides et de la crise du logement locatif.»
Ce qu’il faut retenir
- Le marché immobilier pour la fin d’année 2024 est soumis à des tendances contrastées. D’une part, la baisse des taux d’intérêt ouvre des perspectives encourageantes pour les potentiels acheteurs, notamment les jeunes français. D’autre part, l’incertitude politique et économique nationale freine les décisions d’achat et incite à la prudence.
- Dans ce contexte, les Français semblent prêts à envisager des compromis, notamment sur les critères énergétiques des biens, pour accéder à la propriété.
- Être étudiant aujourd’hui, avec un budget contraint et un marché du logement en difficulté, relève du casse-tête financier. Cherchant à se loger, les étudiants font face à des loyers trop élevés, et trop faiblement compensés par des aides publiques.